Processus créatif Creation process

Teaser

back retour
Chao Liang

Chao Liang

Notes de voyage

film

Il y a des œuvres dont on ne peut parler. Labyrinthiques, elles défient l’analyse. Songeons à certaines pièces de Debussy, et nombre de chefs d’œuvre de l’histoire de la musique (je ne me risquerai pas ici à empiéter sur l’histoire de l’art en général, cependant la résistance à l’analyse de quelques œuvres plastiques majeures me semble évidente). Les mots que l’on risque, afin de tenter de cerner ces objets, semblent vite se désagréger, partir en fumée après avoir offert une première illusion de clarté, même tenace. Pourtant ces labyrinthes continuent d’attirer la curiosité analytique et des vies s’y consacrent. Il est bon de penser que certains objets puissent rester éternellement inaccessibles, autrement que par une contemplation fascinante qui est certainement aussi un cheminement en soi. Je ne sais si l’œuvre de Chao Liang entre dans cette « catégorie », mais elle se présente en une étrangeté qui agite nos liens à l’histoire, à nos sens, à notre sens commun, et brouille nos pauvres repères accumulés. Elle évoque l’invention d’une technique et d’un art, mais en négatif en quelque sorte, dans le but secret de nous laisser seul, nu face à ce que pense le monde des savants, dont peut-être nous imaginions être parfois. Il y a aussi l’évocation d’une œuvre - ou d’un acteur- majeure de l’histoire qui serait passée inaperçue (comme il en existe très certainement, tant certains tempéraments défiant par volonté ou par hasard les jeux sociaux communs existeront toujours). Ce brouillage salutaire, qui, en creux, semble observer ou questionner l’intérêt de nombre d’œuvres d’aujourd’hui (ou d’hier) à la lumière d’une fiction excentrique, est profondément réjouissant. Il nous indique que notre pente naturelle est d’être prisonnier d’un présent à la puissance anesthésiante, obstacle à la pensée, à la création, à la vie. Chao Liang nous offre un regard tout à la fois rare et universel, et nous incite à l’effort. Arnaud Petit (18 Avril 2016)

Je tiens à remercier chaleureusement Daniel Dobbels, Madeleine Van Doren, Stéphanie Robin, Eric Prigent, Bertrand Scalabre, Yannick Delmaire et Alice Boucher.
Un grand merci à Arnaud Petit, pour ses conseils d'expert et ses encouragements tout au long de ce projet difficile. Merci à Eric Poitevin et à la photographie.

Chao Liang, né en 1985 en Chine. Chao fit ses études en sculpture et photographie de 2004 à 2008 à l’Académie des Beaux-arts de Tianjin. Ses œuvres photographiques sont exposées à la galerie Agnès.b à Hong Kong en 2008. De 2010 à 2013, il poursuivit ses études photographiques dans l’atelier d’Eric Poitevin à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Depuis 2014, il actualise des recherches artistiques par la pratique de l’écriture de scénario et de la réalisation de films au Fresnoy - Studio national des arts contemporains. La mort, la mémoire, l’expérience et la séparation sont des éléments essentiels dans toutes ses pratiques.