Eric Herbin

Tous les jours, jamais, le temps redémarre - Installation - 2005

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 6

Installation


L'installation comprend deux vidéo-projecteurs qui projettent chacun quatre vignettes sur deux quarts de cercle, elle fonctionne avec un système de tapis sensitif qui est recouvert de graviers de différentes couleurs. Les visiteurs pénètrent dans une agora. Leurs circulations déclenchent l'apparition et la disparition de fragments de paroles, d'images qui se répondent, se confrontent, s'interpellent créant un discours à plusieurs voix. Ces fragments (petites interviews, courts documentaires réalisés dans le bassin minier) abordent les questions de la disparition des formes, de l'anonymat. Ces images de temps réels reliées par une narration en voix off sont des résidus de temps, de mémoire, d'images mentales qui s'agencent autour d'un récit multiple. Des paysages du bassin minier détruits, oubliés, nous sont présentés en une série d'images muettes. Les discours de différentes époques se confrontent à la réalité présente des paysages. Le présent est un temps mort, asphyxié où les choses tardent à se remettre en mouvement à se réinsérer dans l'actuel. Le présent flotte dans l'attente d'une reconstruction et n'a pas d'actualité sinon celle que son passé et son futur peuvent lui transmettre dans les couloirs du temps. Ainsi ma démarche a évolué, je filme du temps réel dans le Nord, une pleine journée qui s'achève au coucher du soleil vice-versa. A ces images sont superposées des fragments de correspondances, de discours, de poésies... Ce que l'image montre le texte le détruit. Ce que l'image configure le texte le défigure. Les deux aussi dans une même strate, une fissure où apparaît un effet de réel. La modernité disperse, fragmente, éclate les corpus et les discours. Plus d'unité distincte, plus de repères stables – auteurs, chronologies, séparation des disciplines.... - Mais une circulation dispersée, généralisée. Ce n'est certainement pas l'homme qu'il faut y chercher mais son effacement. Cette composition inscrira les absurdités et les contradictions d'aujourd'hui. Elle révélera la plaie ouverte de ces personnes que l'on ne voit plus, que l'on ne veut plus voir.

Eric Herbin


Né en 1979 à Tournant en Brie Ecole nationale des Beaux-Arts de Dunkerque Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Dijon Vit et travaille à Lille

Remerciements


Merci aux nombreuses personnes qui ont pris part au projet.

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing