Ali Cherri

Film

Dernière garde avant l’aube s’inscrit dans la continuité de ma réflexion sur les figures du  pouvoir, du contrôle et de la production de la violence, qui traversent mon travail depuis plusieurs années. La figure du garde y occupe une place centrale : une présence ambivalente, à la fois protectrice et oppressante, dont la fonction oscille entre veille et menace.

Dernière garde avant l’aube plonge dans l’univers de l’armée, une institution qui disci-pline et normalise les corps, où l’individualité doit s’effacer au profit d’un corps unique, performant et aguerri, prêt à défendre et, si nécessaire, à mourir pour la patrie. Le film s’articule autour d’une tension permanente entre le réel et un flottement onirique.

L’idéologie de l’armée repose sur le postulat qu’une société ne peut être protégée sans être disciplinée, illustrant ce que Foucault nomme la microphysique du pouvoir, à travers laquelle la société façonne, surveille et régule ses citoyens. Ce que l’on observe aujourd’hui en Europe semble être une réactivation de ces logiques de discipline des corps, mais à une échelle politique et économique plus large. La montée des tensions géopolitiques, la guerre en Ukraine et la peur d’un conflit élargi ont poussé les gouvernements européens à réinvestir massivement dans l’appareil militaire.

Dernière garde avant l’aube est un film sur le poids du devoir, sur un corps en tension, sur la solitude de celui qui n’arrive pas à s’intégrer. À travers la chronique du soldat Lafleur, le film questionne ce que signifie « tenir » dans un système qui n’admet pas la faiblesse.

Ali Cherri

Ali Cherri est né à Beyrouth. Il vit et travaille à Paris. Son travail explore les liens entre histoire, patrimoine et violence politique, en interrogeant  la manière dont les idéologies nationales  s’inscrivent dans les corps, les territoires et les objets culturels déplacés. En 2022, il a reçu le Lion d’Argent à la Biennale de Venise pour sa série de sculpture Titans, présentée dans le cadre de l'exposition internationale « The Milk of Dreams ». Son travail a été présenté dans plusieurs biennales, notamment : SITE Santa Fe International (2025) ; la Biennale Sesc\_Videobrasil, São Paulo (2023) ; la Biennale de Sharjah (2023 et 2017) ;  la Biennale de Kochi-Muziris, Inde (2022) ; la Biennale de Venise (2022) ; Manifesta 13, Marseille (2020) ; la Biennale industrielle  de l’Oural, Ekaterinbourg (2019). Ses œuvres font partie des collections d’institutions internationales, parmi lesquelles le MoMA (New York), le Centre Pompidou (Paris), le Guggenheim (New York et Abou Dhabi), le MACBA (Barcelone), le musée Sursock (Beyrouth), le British Museum (Londres), le Jameel Arts Center (Dubaï) et le Mathaf (Doha).

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