Artiste-professeur invité

2012

David Rokeby

Né en 1960 à Tillsonburg (États-Unis)

David Rokeby crée des installations sonores et vidéo interactives depuis 1982. Son œuvre première Very Nervous System (1982-1991) est reconnue comme pionnière en matière d'art interactif, consistant à transformer en temps réel des gestes physiques en environnements sonores interactifs. Very Nervous System a été présentée à la biennale de Venise en 1986, et s'est vue décerner en 1991 le Ars Electronica Award of Distinction for Interactive Art (Autriche).

Plusieurs de ses œuvres ont trait à la surveillance numérique, notamment Watch (1995), Taken (2002), et Sorting Daemon (2003). Taken a été exposée au Witney Museum of American Art de New York en 2007.

D'autres œuvres réalisent une analyse critique des différences entre l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle. The Giver of Names (1991-) et n-cha(n)t (2001) sont des entités subjectives artificielles, provoquées par des objets ou des mots émis dans leur environnement immédiat, afin de constituer des phrases dites à haute voix.

Les installations de Rokeby ont été exposées en totalité aux Amériques, en Europe et en Asie. Il a donné des conférences dans le monde entier, et il a publié deux écrits dont la lecture est au programme de cours des nouveaux arts médiatiques dans de nombreuses universités.

Rokeby a reçu le prix Governor General en arts visuels et médiatiques, le prix Ars Electronica Golden Nica for Interactive Art (pour n-cha(n)t) et le premier prix d'art interactif de la British Academy of Film and Television Arts (BAFTA). Il a représenté le Canada à la Biennale d'architecture de Venise avec Seen (2002), et à la Biennale de Sao Paulo au Brésil (2004).

Ses projets les plus récents comprennent un grand nombre d'œuvres d'art publiques de grandes dimensions largement plébiscitées, une installation évoquant la présence de Marshall McLuhan dans la remise où il travaillait, ainsi qu'une nouvelle installation sonore interactive dénommée Dark Matter et commandée par Wood Street Galleries à Pittsburgh. Il prépare actuellement une nouvelle œuvre pour l'ouverture de la galerie et du centre de recherche Ryerson à Toronto en 2012.

Un appareil photo comme projecteur

Dans l'ancienne théorie de la vision appelée « extramission », l'œil projette des rayons sur les objets qu'il regarde. Nous avons aujourd'hui tendance à considérer nos yeux comme des récepteurs passifs, mais il est notoire que la perception visuelle n'est que très peu passive. Le cerveau traite frénétiquement toutes les informations qui traversent l'œil pour élaborer une impression visuelle du monde qui nous entoure. Notre système visuel élabore, complète et corrige minutieusement les informations de manière à ce que notre expérience visuelle soit cohérente et confortable... c'est-à-dire conforme à ce que notre système visuel projette.

« En imaginant les appareils photos comme des outils de détection pour des installations interactives, j'ai été amené à les envisager comme des projecteurs. Mes appareils photo projettent la possibilité dans l'espace. Les formes que je programme dans mes œuvres sont projetées à travers l'objectif des appareils photo, et elles font alors partie de la réalité expérimentale de l'espace.

Dans le cadre de mon projet au Fresnoy, j'approfondirai cette notion d'appareil photo en tant que projecteur de façon plus explicite que je ne l'ai fait dans le passé. Je veux étudier la façon de donner au champ visuel de l'appareil photo une présence visuelle, de manière explicite ou implicite. Je veux réfléchir à la notion « d'espace de détection », c'est-à-dire le domaine de surveillance de tout détecteur (qu'il soit visuel ou pas). 

Je remets en question la distinction conventionnelle entre information d'entrée et de sortie. Les systèmes interactifs relativisent cette distinction en reliant l'entrée et la sortie de manière si étroite que le flux de l'une se dirige directement dans l'autre ; la perception et l'action se confondent alors dans un état hybride. La mécanique quantique suggère que l'instrument de mesure modifie l'objet de la mesure. L'étendue projetée des domaines de surveillance va transformer les structures sociale et politique de nos villes.

Un appareil photo et un projecteur sont comme des objets en miroir dont la différence la plus évidente concerne la direction du flux de lumière à travers leurs objectifs. Pour poursuivre mon étude de l'appareil photo en tant que projecteur, je veux les coupler pour fusionner leurs fonctions afin de créer des appareils optiques ayant un flux bidirectionnel.


ŒUVRES PRODUITES AU FRESNOY