Artiste-professeur invité

2001

Antoni Abad

Né en 1956 à Lleida (Espagne)

Venu de la sculpture, il utilise les technologies de l'information avec un minimalisme.

Ses installations, comme les sites Internet qu'il a développés, nous parlent de l'homme directement ou au travers de deux compagnons fidèles si mal venus : le rat et la mouche. Le Rattus Norvegicus a en effet colonisé la planète entière dans les cales des navires des conquérants européens. La mouche elle a toujours occupé le monde entier. Son installation EGO explore le moi. Des mouches, dont le comportement est simulé par un ordinateur se promènent sur un écran et se multiplient très vite (les bestioles d'Antoni copulent beaucoup). Attirées par une nourriture invisible elles inscrivent dans la version présentée en janvier 2000 au New Museum of Contemporary Art, deux séries de mots entrelaçant les langues anglaises et espagnoles en une sorte de "spanglish" qui parfois devient intelligible. Il existe par ailleurs des versions de EGO dans de nombreuses langues écrites. Dans LOVE STORY, vidéo projection continue, une colonie de rats dévore le mot "LOVE" qui décore une tarte en forme de cœur. L'amour disparaît rapidement alors que le cœur résiste. Le travail d'Antoni sur l'Internet est visible sur le site www.yOyO.com (attention il s'agit du chiffre zéro et non de la lettre 0). Pour lui, le réseau n'est pas un monde désincarné domaine de la pensée pure. La main qui nous accueille en mesurant inlassablement l'écran (celle d'un sculpteur ?) est un véritable manifeste pour un réseau média, par lequel des hommes nous parlent des problèmes humains. L'homme qui marche nu sur son fil est mala­droit et un peu effrayé. Il n'a rien d'un "avatar" virtuel et indestructible, il met visiblement son corps en danger. Sisyphe tire désespérément sur sa corde, en y regardant de plus prêt vous verrez qu'il n'a pas d'autre antagoniste que lui-même. La mouche de Z devient vite aussi irritante qu'une vraie, alors que vous vous apercevrez vite que seul, vous ne viendrez jamais à bout des insectes qui prolifèrent dans Phylloxera.

Michel Porchet