Pour la quatrième édition du programme de résidence sonore dumusée du quai Branly – Jacques Chirac, en partenariat avec Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains, le jury a retenu le projet de l’artiste Yo-E Ryou.
Les résidence sonores : un programme d’aide à la création
En écho à son engagement et soutien en faveur du patrimoine immatériel des cultures qu’il représente et de la création contemporaine, le musée du Quai-Branly a mis en place au début de l’année 2022 un programme de résidence sonore en partenariat avec Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains. Le dispositif prévoit une dotation à hauteur de 8000 euros et le financement de la production d’une œuvre sonore conçue en lien avec les collections, enjeux et thématiques du musée. Ce programme d’aide à la création permet d’accueillir chaque année un artiste originaire de l’un des quatre continents représentés dans les collections du musée (Afrique, Asie, Océanie, Amériques) pour la réalisation d’un projet artistique unique. À l’issue de l’appel à projets, un jury international de personnalités du monde de la création sonore et audiovisuelle désigne un artiste qui est invité à produire un projet original en cohérence avec sa trajectoire artistique, en lien avec les collections matérielles et immatérielles du musée.
La résidence s’effectue cette année encore en partenariat avec Le Fresnoy – Studio national, qui l’accueillera pour deux sessions de travail et l’accompagnera dans la production de son œuvre sonore. Sa création sera présentée au public en mars 2024 et intégrera les collections du musée.
Les lauréats
2024 : Junior Mvunzi (République démocratique du Congo) pour son projet : Musika Automatika. En savoir plus 2023 : Aïda Aldibek (Kazakhstan) pour son projet : Ton dernier repos sera bercé par des chants.En savoir plus 2022 : Youmna Saba (Liban) pour son projet La réserve des non-dits. En savoir plus
Projet lauréat 2025 : Echoes of the Tide
Yo-E Ryou propose de développer Echoes of the Tide, nouveau chapitre de sa série Breath Orchestra. Ce projet sonore immersif explore les frontières fluides entre les mondes sous-marin et aérien par le biais de la respiration, de la mémoire et de l’écoute incarnée. Le projet s’inspire profondément des Haenyeo de Jeju, une communauté de plongeuses âgées qui, par leurs pratiques, incarnent le savoir intergénérationnel, le travail aquatique et une relation sensorielle profonde avec la mer. Leur souffle, mesuré entre les plongées, marqué par l’effort et l’épuisement, puis de nouveau apaisé au repos, devient à la fois archive et instrument, un vecteur de la mémoire du travail et du rythme de la survie.
S’appuyant sur les recherches artistiques qu’elle mène actuellement sur leurs récits oraux, leurs rythmes de respiration et de plongée, et leurs enregistrements sous-marins, l’artiste collabore avec un compositeur et des interprètes pour créer une composition spatiale utilisant uniquement des sons de respiration et de rétention du souffle. L’œuvre est double, puisqu’elle s’articule autour d’une installation audiovisuelle et d’une performance en direct qui permettra de faire entendre ces récits. Dans ces deux volets, le public est invité à s’immerger (à travers son corps et le corps des autres spectateurs) dans la solitude et la solidarité, lui permettant d’entrer dans un état suspendu d’écoute collective faisant écho à la sensation de submersion. Echoes of the Tide donne de la visibilité à ces patrimoines vivants, en les faisant dialoguer avec la pluralité culturelle et la mémoire sonore. Le projet propose ainsi une réflexion méditative sur les rythmes de la respiration, de l’eau et de la survie au-delà des frontières.
Biographie
Artiste, chercheuse et éducatrice, Yo-E Ryou est actuellement basée sur l’île de Jeju en Corée du Sud. Dans sa pratique, elle explore d’autres façons d’écouter, de parler, de lire et d’écrire qui prennent racine dans les méthodologies « hydroféministes et décoloniales » selon ses propres mots. Elle s’intéresse aux relations complexes qu’entretiennent la culture, l’environnement et la mémoire, en traçant des liens fluides entre les corps d’eau et les corps de femmes. Son travail, à mi-chemin entre sonorités, images en mouvement, performances et textes, réinvente la narration pour en faire une pratique relationnelle singulière. Elle dirige Unlearning Space, une plateforme expérimentale de recherche artistique et d’enquête collective qui met à jour histoires submergées et connaissances sensorielles. Elle est diplômée de l’université de Yale et de la Rhode Island School of Design.
Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains est engagé dans le projet Creativ’Up qui implique trois régions transfrontalières : les Hauts-de-France, la Wallonie, la Flandre-Occidentale. Il s'agit d'un dispositif d’accompagnement destiné à soutenir les projets d’innovation dans le secteur des Industries Culturelles et Créatives (ICC).