Tamar Hirschfeld

The Cheese Butt - Film - 25min - 2017

présenté dans le cadre de l'exposition panorama 19

Film


J'aime les Arabes. Je les aime parce qu'ils me rappellent ma maison, qu'ils me rappellent le désert, qu'ils me rappellent mon père et qu'ils me rappellent tous les conflits du monde – et la vie se fait plus existentielle. C'est pour cela que j'aime vivre à Roubaix et pourquoi je déménagerai à Bruxelles. Voilà pourquoi j'ai été très heureuse de collaborer avec un Égyptien et de tourner dans le désert du Sinaï.

J'aime particulièrement les Bédouins. Je les aime parce qu'ils sont bibliques. Je les aime parce qu'ils sont éparpillés en tribus dans le Moyen-Orient, l'Arabie Saoudite, la Jordanie, l'Irak et Israël. Ils sont victimes de la structure territoriale nationale du monde. Ils sont nomades ; ils se moquent du territoire (de toute façon, le désert est vide) ; ils boivent du thé autour du feu, fument et racontent des histoires. Ils sont coincés dans une très mauvaise partie du monde et souffrent des manœuvres des ego politiciens, masculins et stupides du monde entier. Les Bédouins me rendent mélancolique et empathique. Voilà pourquoi j'ai été tellement heureuse de partager l'argent de vos impôts avec eux en les filmant ; ils étaient très reconnaissants – l'économie égyptienne est en ruine.

J'ai créé pour vous une réalité virtuelle afin que vous puissiez vous immerger dans le paysage bédouin et voir l'absurdité de la technologie occidentale lorsqu'elle est imposée à des cultures non-occidentales.

Le film a été tourné en février. En avril, les autorités ont décidé d'interdire aux Israéliens l'entrée dans la péninsule du Sinaï, du fait de la présence d'ISIS. Aussi, en regardant ce film, veuillez le considérer comme une relique de notre monde en bouleversement.

Profitez !

Biographie de mon imaginaire
En 1995 j'ai vu mon père pleurer pour la première fois, après la mort d'Yitzhak Rabin.
En 2001 Je suis tombée amoureuse de la culture française en découvrant Claude Chabrol et Joël Robuchon.
En 2003 J’ai réalisé ma première vidéo en chantant “I’m not a girl, not yet a women” de Britney Spears sur un toit à Jérusalem.
En 2006 J’ai vu mon père rendre son dernier souffle.
En 2011 J’ai vu Melancholia dans un cinéma à Nice.
En 2012 J’ai visité La DOCUMENTA 13 à Kassel.
En 2015 j’ai découvert Tinder.

Tamar Hirschfeld


Vit et travaille entre Tel Aviv et Lille.

Ayant grandi à Jérusalem, une ville qui abrite une très grande diversité de conflits religieux, nationaux et idéologiques, Tamar Hirschfeld a toujours eu le sentiment que de grandes puissances sans visage, appuyées par des processus historiques et mystiques, dictaient de manière quasi aveugle les modes de vie et les visions du monde.
En réponse à cela, elle s’est donnée comme tâche de produire des images qui représentent l’opacité de l’idéologie, notamment par l’usage excessif qu’elle fait de représentations bien connues de la religion, de la nation, du sexe et de la race. Un mélange hybride de cela apparait dans ses œuvres, non seulement dans le contenu, mais aussi dans la forme, et souvent dans un mélange extrême entre les deux. Son travail qui se traduit essentiellement à travers l’installation, la performance, les dessins et le film, a été présenté notamment dans les musées de Tel Aviv, Petach Tikva et Herzelia, et a reçu une bourse du Centre d’Art Contemporain à Tel Aviv.

Remerciements


À l'Institut du monde Arabe, Tourcoing.
À Massimiliano Simbula pour m’avoir guidé et soutenu.
À Christophe Gregório et François Bedhomme pour leur sympathie.
À Pascal Convert, Blandine Tourneux, David Chantreau, François Lescieux, Eric Prigent, Pascal Buteaux, Jacky Lautem, Barbara Merlier et Stéphanie Robin pour m’avoir faire confiance.
À Valérie Delhaye pour son soutien et son sourire.
À Alain Fleischer pour Le Fresnoy.
À Hanna Hirschfeld pour l’envoi d’argent tous les mois.
Remerciements profonds à Aurélie Brouet, Nir Shauloff, Chiara Caterina, Damien Gilbert, Yuval Galili, Andrés Padilla Domene, Charlotte Bayer-Broc, Jake Wiener, Xénofon Tsoumas et tous mes camarades au Fresnoy !

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing