Véronique Béland

This is Major Tom to ground control - Installation - 2012

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 14

Installation


« Le vide de la distance n’est nulle part ailleurs. » - Première phrase produite par le générateur de texte aléatoire, mars 2012 Sommes-nous seuls dans l’univers ? On serait prêt à parier que non. Trois possibilités s’offrent à nous pour repérer d’éventuelles formes de vie : envoyer des sondes, envoyer des ondes, recevoir des ondes. Envoyer une sonde dans l’espace, c’est un peu comme envoyer une fourmi dans le Sahara en espérant qu’elle atteindra Tombouctou, dont elle ne connaît pas l’emplacement. Quatre disques contenant des dessins gravés et des messages enregistrés (voix, musique...) ont cependant été embarqués à bord de sondes spatiales. Mais pour qu’une civilisation parvienne à repêcher les sondes dans le vide interstellaire, il faudrait qu’elle soit bien plus dégourdie que la nôtre. Envoyer des signaux radio est plus rapide, mais très hasardeux. En 1974, un premier message radio à grande puissance a quitté un radiotélescope terrestre en direction d’un amas d’étoiles, où il arrivera dans 24 000 ans. Nous pouvons dormir longtemps avant de recevoir une réponse. Pourquoi ne pas plutôt écouter les émissions radio que certaines civilisations pourraient diffuser étourdiment ? C’est l’idée du programme SETI : ouvrons les oreilles et écoutons ce que l’espace nous dit. Depuis son démarrage au début des années 1960, le programme n’a rien donné. Silence radio pour ce qui concerne les émissions « intelligentes ». Mais alors, pourquoi ne pas faire parler d’une autre façon les émissions radio « non intelligentes » ? Tel est le projet de Véronique Béland : interpréter les données cueillies par les radiotélescopes de l’Observatoire de Paris à l’aide d’un générateur automatique de textes aléatoires. Grâce à une voix de synthèse qui le récite en temps réel, le texte devient alors la « voix de l’univers ». On notera le côté « oulipien » de l’entreprise : un texte est généré à partir d’un algorithme, qu’il soit mathématique ou issu de données astronomiques retraitées par un logiciel. Comme l’écrivait le mathématicien François Le Lionnais, fondateur de l’Oulipo, « il n’est jamais aisé de discerner à l’avance, à partir du seul examen de la graine, ce que sera la saveur d’un fruit nouveau ». Gageons que les pommes d’or du cosmos bientôt recueillies auront au moins la saveur de l’inattendu. Jean-Pierre Luminet, mars 2012

Véronique Béland


Née en 1981 à Québec (Canada). Vit et travaille à Lille.

Cursus Titulaire d’un master 2 en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (Canada).

Expositions récentes :

2012, Hexagram & ARC_PHONO : Archives sonores et voix radio, Écrire la parole tue, Montréal (Canada)

2012, Maison Folie Hospice d’Havré et Jardin Botanique, This is Major Tom to Ground Control, Tourcoing (France)

2011, Brooklyn Art Library, Faire bon usage du vide (A Purpose for Emptiness), Brooklyn (NY, États-Unis)

2010, Galerie les Territoires, Comme une chorale de voix dans la tête (ou quelque chose comme ça), Montréal (Canada)

Remerciements


Sébastien Cabour, Guillaume Libersat, Sophie Laroche, Daniel Kunth et Jean-Pierre Luminet. Observatoire de Paris : Michele Batrung, Maurice Gheudin, Yannick Libert, Anne-Laure Melchior, Antoine Radiguet et Philippe Salomé. Mostrare : Pascal Denis, Rémi Gilleron et Mikaela Keller. Acapela Group : Caroline Houel, Antoine Kauffeisen et Jean-Michel Reghem. Ville de Tourcoing : Florence Laly, Christelle Manfredi, Jardin Botanique et Maison Folie Hospice d’Havré. Le Fresnoy : Eric Prigent, Madeleine Van Doren, Laurent Delplanque, Barbara Merlier, Jacky Lautem, Cyprien Quairiat, Francis Bras, Laurent Grisoni, Richard Campagne, François Bedhomme, Isabelle Vendeville, Diane Dekerle, Edwin Van der Heide et Arnaud Laporte. Théodora Barat, Crystelle Bédard, Ghyslain Béland, Claude Bernier, Gregory Buchert, Guillaume Chaboud, Fanny Curtat, Pauline Delwaulle, Thomas Duquet, Mireille Gingras, Léa Hautefeuille, Sarah Mecarelli et Armand Morin.

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing