Thomas Mcintosh

Autoportrait - Installation - 2014

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 16

Installation


Autoportrait s’intéresse à la notion de représentation et au regard que l’on porte sur les choses en revisitant en trois dimensions le tableau de Diego Velázquez Les Ménines à la lumière de l’analyse de Michel Foucault dans son livre Les Mots et les Choses. L’élément central de l’oeuvre est un rideau vertical de peinture à l’huile qui coule avec une constance ininterrompue jusqu’à devenir un miroir, une sorte de plan d’eau inversé. Un reflet apparaît à la surface de l’eau : celui de la spectatrice, baignée de lumière, immédiatement impliquée dans la création de l’oeuvre par son image. Quand elle s’approche du miroir liquide, il bouge lentement pour révéler un autre visage : celui de l’auteur de l’oeuvre. L’évocation des Ménines revisite, avec des moyens modernes, la notion de « place du spectateur ». C’est l’ajout explicite de cet espace dans l’oeuvre de Velázquez qui la déstabilise à jamais, sortant la toile de ses deux dimensions pour l’emmener vers l’espace dans lequel se trouve le spectateur. Quand nous regardons Velázquez tel qu’il s’est représenté dans Les Ménines, il nous regarde également. Il est en train de peindre, et nous supposons que les personnages qu’il peint sont ceux qui se reflètent dans le miroir, au fond de la pièce : le roi et la reine d’Espagne. Mais nous sommes nous aussi devant lui, et il semble donc en train de nous peindre également. Le peintre s’est lui-même trouvé dans cette situation autrefois, en organisant ce système complexe de signes et de leurs doubles dans la composition que nous regardons. Autoportrait est une adaptation des Ménines : le petit miroir du fond du tableau a été agrandi, il est devenu le miroir liquide que nous contemplons et dans lequel nous nous regardons en train de nous regarder. C’est comme si Velázquez avait enfin retourné son chevalet et que nous pouvions voir ce qu’il voit : le roi et la reine d’Espagne, ou plutôt nous-mêmes et l’artiste qui nous observe.

Thomas Mcintosh


Né en 1972 à Londres, Angleterre. Vit et travaille à Montréal, Canada. Carleton School of Architecture, Ottawa, Canada

Remerciements


Claude Perdigou, Institut Jean le Rond d’Alembert de l’Université Pierre et Marie Curie, Henri Lhuissier, Université Paris Diderot, Philippe Brunet.