Yosra Mojtahedi

L ’ É r o s a r b é n u s - Installation - 2020

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 22

Installation


L ’ É r o s a r b é n u s est un espace, un lieu, un corps, un vide. Elle respire, elle désire. Je me souviens, j’ai touché fleur, fruit et fleuve. La fleur palpitait comme un cœur-sein, comme un bras ou comme un sexe après jouissance. Quatre possibilités sur les quatre bouts de falaise noire avec des feuilles-fruits pendus qui saignent. Le sang des mères de Vénus étouffait sur la gorge d’un ciel noir.
Écoute… c’est la nuit qui coule sous ses pieds. Elle devient l’eau, la terre, et c'est l’air qui la fait vivre. Il coule dans ses veines, dans ses seins, dans sa chair. Elle respire. La terre tombe. La terre bouge, elle devient cube, carré, fontaine. Elle respire. Ses muscles phalliques vont se mouvoir. Ce sont des robots, doux et mous. Le temps est un récipient de décision, qui s'attache à la crinière du cheval. Elle respire comme un citronnier, une fleur de sexe, un orgasme, un instant figé. Elle se mouille, elle palpite, comme une longue rivière, comme un régime illimité. Comme un homme qui gouverne et qui s’attache à la gloire d’un oiseau mort, un arbre coupé. Une feuille sèche, une forêt brûlée, un ciel fumé.
Une odeur intime se propage dans les ténèbres de tes poumons, ton cœur tremble, sa voix rentre dans tes veines. Écoute, elle respire. Touche son obscurité. La nuit te pénètre de son empire.

  • L ’ É r o s a r b é n u s est composé de trois mots : L’éros, arbre, Vénus.

Yosra Mojtahedi


J’obtiens un master en arts plastiques, puis un diplôme des Beaux-Arts lorsque je m’établis en France. Le voyage... ce mystère tourne la page de mon carnet à dessin. Venant d’un pays où le corps est un sujet tabou et sa représentation interdite, mes travaux sont, en réaction, sensuels et sensoriels : tactiles, olfactifs, touchant parfois à l’érotisme et à la féminité. Il y baigne une atmosphère surréaliste-obscurantiste. Un espace affranchi des lieux et du temps, où les objets et les éléments sont symboliques : fleurs, pierres, cordons ombilicaux, organes dans une pénombre crépusculaire. Si quelque chose a orienté mon travail, c’est bien la censure iranienne.

Remerciements


Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains, Beat Gysin, Evelina Domnitch et Dmitry Gelfand, Christian Duriez, Stefan Escaida Navarro, Thor Morales Bieze, Nicolas Guichard, Timothée Couteau, Hani Mojtahedi, Hélène Soete, Jonathan Pêpe, Louis Bazin, Simon Dube.

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing — INRIA Lille Nord- Europe — Defrost