Artiste-professeur invité

2009

Andrew Kötting

Né en 1959 à Bromley (Royaume-Uni)

« C'est dans les endroits les plus improbables qu'il est le plus probable de trouver son bonheur. » (Gallivant)

Andrew Kötting se forme au College of art and design de Ravensbourne et à la Slade school of Fine Arts de Londres.

En vingt ans de carrière, son œuvre a évolué de pièces souvent absurdes issues des premières heures du living-art, pleines d'une logique propre et saturées de mythes revisités, en passant par des courts métrages à l'humour noir, révélant le surréalisme empreint de mélancolie au cœur de l'identité anglaise d'aujourd'hui, à deux longs métrages résolument indépendants qui se servent du paysage (fait rare parmi ses confrères, son engagement dépasse le cadre urbain) et des voyages comme tremplins pour aborder les questions d'identité, d'appartenance, d'histoire, ainsi que les notions de groupes, et ce, par le biais d'un parti pris visuel remarquable et d'une structure innovante.

Une telle activité reflète à la fois la diversité de ses intérêts en matière de forme, et son refus d'adhérer à l'idée qui voudrait que l'œuvre d'art soit prisonnière de son support. Dans l'œuvre de Kötting, les idées et les images migrent souvent d'un support à l'autre, gagnant en force et en résonance dans le transfert. C'est cette ouverture d'esprit, doublée d'une intelligence subversive et d'un sens de la farce, qui distingue son oeuvre comme énergisante et essentielle.

Les longs métrages de Kötting sont en opposition radicale avec la plupart des productions britanniques actuelles. Des deux films, Gallivant emprunte la voie la plus légère. Les vérités propres au littoral de l'île sont parcourues, révélées par trois générations d'une même famille dans un périple alambiqué.

D'un autre côté, Cette sale terre propose un témoignage plus noir. Après le charme chaotique et rebelle de Gallivant, rien ne prépare le spectateur à son voisinage singulier. Le film concrétise en images le rapprochement instinctif de Kötting avec les dépossédés, les régions, les dialectes, les marges, le visionnaire, le corps. Toutes les facettes pour ainsi dire d'une attitude qui refuse la production culturellement majoritaire avide d'une réalité rationnelle et organisée.

Plus que tout autre, Mapping Perception est le projet de Kötting qui illustre sans doute le mieux l'aspect personnel - participatif et pionnier dans la forme - de son approche de l'expérience, et de la forme artistique à lui donner. A la fois installation, documentaire expérimental, livre et CD rom, Mapping Perception constitue une initiative ambitieuse en matière de recherche, d'essai sur la famille et de traité poétique. Réalisé en collaboration avec Giles Lane, conservateur, Mark Lythgoe, neurologue et Eden, sa fille, née en 1988 avec le syndrome de Joubert, une maladie génétique rare qui affecte les fonctions cérébrales. Entreprise exemplaire, à la précision et à l'impact énormes, Mapping Perception se distingue surtout par la générosité de Kötting, l'amour qu'il voue au travail d'équipe, à l'imagination, et par-dessus tout à sa fille.

D'après des extraits du texte de Gareth Evans, traduction de Catherine Gibert, pour le catalogue du Festival de La Rochelle 2004. Avec nos remerciements.


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