Artiste-professeur invité

2002

Malachi Farrell

Né en 1970 à Dubin (Irlande)

Il vit et travaille à Paris et à Malakoff.

On reproche souvent aux artistes contemporains de ne pas chercher à émouvoir.

Ceux qui pensent ainsi doivent très vite s'intéresser au travail de Malachi Farrell.

La démarche artistique de ce jeune artiste irlandais, à l'instar du projet d'un Thomas Hirschhorn, exclut l'esthétisme au bénéfice de l'action immédiate sur le spectateur. Malachi Farrell s'attache à créer des oeuvres qui vont droit à l'essentiel et qui donnent un accès direct à la réalité qui les a inspirées. Jamais il ne se perd dans les détours ou les métaphores. La violence du langage qu'il développe apparaît comme une riposte presque instinctive à la violence des hommes, qu'elle s'exerce (comme dans "Hooliganisme", 1997) contre d'autres hommes, ou (comme dans "Fish Flag mourant", 1999) contre l'équilibre écologique et l'environnement.

Plus approprié que le mot installation, le terme de "saynète" convient bien à ce travail en raison de sa charge comique et de la notion de temps qu'il comporte. Car l'émotion ne vient pas seulement des thèmes abordés ; elle naît évidemment aussi de leur mise en forme, conçue comme un petit moment de théâtre burlesque, avec un lever de rideau et une chute légèrement édifiante qui lui imprime sa dimension populaire.

Equipées de microprocesseurs qu'il programme lui-même en récupérant des puces électroniques sur des appareils usagers, les sculptures de Malachi Farrell ne se déclenchent qu'à l'approche d'une présence.

En entrant dans le champ de "I didn't have to be that way", 1994, le visiteur paisible se trouve donc subitement assailli de toutes parts : des cris et des pleurs s'élèvent d'un bouquet d'arbrisseaux qui semblent se débattre sur leur socle, tandis qu'un jet de fumée suivi d'un flot de copeaux de bois s'abattent sans prévenir devant ses yeux. Ces

facéties font partie de la magie des oeuvres de Farrell. De même que le caractère anthropomorphe des éléments de la faune et de la flore qui y figurent, ces effets de surprise confèrent au propos de l'artiste - clairement engagé socialement - le ton souriant, irrésistible, de la fable.

Extraits d'un article de Catherine Francblin - © ArtPress, Déc. 99