Artiste-professeur invité

2017

Pablo Valbuena

Né en 1978 (Espagne)

Pablo Valbuena élabore des projets et une recherche artistiques centrés sur l'espace, le temps et la perception. Né en Espagne, il vit actuellement près de Toulouse.

Certains des éléments clés de son travail sont le chevauchement entre le réel et le virtuel, la création par l'observateur d'espaces mentaux, la dissolution des frontières entre la réalité et la perception, les liens entre espace et temps, l'expérience de l'observateur comme point central du travail et l'utilisation des mediums (lumière et son) comme matière première.

Ces idées sont généralement élaborées en fonction des lieux, interventions éphémères qui construisent et transforment l'espace avec des outils de perception plutôt que physiques. Elles sont formulées comme une réponse directe aux qualités de perception, aux conditions physiques et aux influences qui entourent un certain lieu ou espace.   

Les travaux résultant de cette démarche ont été présentés en Europe, en Asie et en Amérique dans toute sorte de lieux soit comme commande liée à un lieu spécifique, soit dans des musées, des galeries ou encore lors d'interventions urbaine à grande échelle.

Pablo a donné des conférences sur ces thèmes dans des universités et centres de recherche tels que UCLA, Art Center in Pasadena, Seoul Museum of Art, University of Southern California, l'Institut d'architecture avancée de Catalogne, le Medialab-Prado ou encore l'Université de Berne.

« L'artiste projette un dessin, une carte de l'espace, sur l'espace lui-même. Cette projection scanne l'espace avec la précision d'un laser. Mais pendant qu'elle le scanne, elle commence à peu à peu redessiner les murs, les fenêtres, les plinthes, le sol et les lattes du parquet. Le scanning devient copie ; une image devient deux.

La logique de ces projections suit les éléments de base de l'espace : les premières lignes forment le support, le contenant, le contour. Ceci crée une forme prête à être remplie : on ajoute de la profondeur pour un radiateur ou une fenêtre. Ce qui se passe ensuite est un cadre logistique : les lignes du sol suivent les lattes de parquet, celles sur le mur suivent les câbles électriques et les interrupteurs. Les questions qui viennent à l'esprit sont : "Peut-on vivre comme cela ?", "Quelles sont les limites de cette projection, de cette carte, de cette maison ?" ».

Une carte est une représentation de la réalité et non pas la réalité elle-même. Parfois, c'est une projection de la réalité, une réalité potentielle qui n'a pas encore eu lieu. Dans ce cas, on appelle cela un plan. Pablo Valbuena combine le meilleur des deux mondes. Comme un cartographe, il travaille à partir des espaces existants. Comme un architecte, il tire des lignes pour élargir cet espace.

De cette manière, il réunit dans une même réalité le réel et le virtuel. C'est ce qui fait aussi de cet artiste/cartographe/architecte un philosophe. Il cite Gilles Deleuze : « Le virtuel ne s'oppose pas au réel, mais seulement à l'actuel. Le virtuel possède une pleine réalité, en tant que virtuel... Le virtuel doit même être défini comme une stricte partie de l'objet réel. »
(Gilles Deleuze, Différence et répétition, Paris, P.U.F., 1968, p. 269).

« Le résultat [du travail de Pablo] est un jeu de lumière et d'ombre. On et off. Présent et absent. Virtuel et réel. Un système binaire créé sur mesure pour l'ère digitale. L'ère où la lumière ne veut rien dire sans la référence à l'obscurité, où « on » ne veut rien dire sans « off ». Où le présent fait toujours référence à l'absent. Où l'on ne peut pas voir ce qui est virtuel sans la réalité. Ensemble, ils forment une réalité : l'espace, la carte, le plan dans lequel nous sommes. »
Pieter Van Bogaert sur le travail de Pablo Valbuena pour l'exposition Almost Cinema. Vooruit. Gand. Belgique. 2009


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