Diplômé·e·s / Productions Le Fresnoy
Diffusion mai – juin 2025

En mai et juin, nos créations poursuivent leur voyage à travers la France et le Canada.
Mardi 17 juin 14h15 – Amphi de l’IRCICA
Donatien Aubert, artiste, chercheur et auteur, sélectionné par Le Fresnoy – Studio national dans le cadre du projet FEDER CornelIA, interviendra à l’IRCICA sur la thématique : Les arts de la mémoire, l’intelligence artificielle et la création plastique.
L’IRCICA, Institut de Recherche sur les Composants logiciels et matériels pour l’Information et la Communication Avancée, est une Unité d’Appui et de Recherche (UAR-3380) associant le CNRS et l’Université de Lille.
Le travail de Donatien Aubert porte sur la préservation des connaissance et la mémoire, aux travers des âges, et leur impact sur les représentations modernes de l’information.
Nous nous réjouissons de l’accueillir en tant qu’artiste professeur invité au Fresnoy pour l’année 2025-2026.
Mardi 17 juin 14h15
Évènement gratuit, inscription souhaitée
IRCICA, Parc Scientifique de la Haute Borne, 50 Avenue Halley, Villeneuve d’Ascq
Résumé du séminaire
En Europe, les hommes et les femmes de lettres, les savants, au moins jusqu’au XVIIe siècle, s’assistaient habituellement pour exercer leurs connaissances et affuter leur mémoire, de visualisations intenses, organisées selon des heuristiques connues à la Renaissance sous le nom d’ « arts de la mémoire », répertoriant et hybridant un ensemble de techniques antiques (« la mémoire artificielle ») et médiévales (« les machines de mémoire »). La maîtrise de ces techniques conférait aux personnes qui s’y étaient exercées des capacités de rétention mentale prodigieuses, une caractéristique qui les rendirent particulièrement appréciées dans les milieux érudits, durant l’Antiquité et l’époque médiévale, alors que l’imprimerie n’existait pas, puis une fois celle-ci démocratisée à la Renaissance, pour mettre en ordre des savoirs devenus proliférants. Ces techniques reposaient sur la compulsation d’images édifiantes, indexées dans des espaces mentaux, pouvant se référer à des lieux réels ou imaginaires.
La composition des images mnémoniques a suivi au cours des siècles des règles fluctuantes, mais les premiers textes à leur sujet suggèrent que leur puissance d’évocation découle de leur beauté, sinon de leur violence. Pour leur qualité synoptique, elle a intéressé les poètes et les peintres. La reconnaissance des processus cognitifs impliqués par la remémoration, comme relevant d’une activité imaginative, mais aussi combinatoire, a suscité quant à elle pour ces techniques la passion des logiciens. Alors que des « machines de mémoire » médiévales tel l’Ars Magna de Ramon Llull ont inspiré à Pascal et Leibniz leurs premières machines à calculer en métal, les arts de la mémoire s’ancrent de plain-pied dans l’histoire du développement d’une rationalité proprement algorithmique. Redécouvertes de façon détaillée dans la seconde moitié du XXe siècle par l’entremise d’universitaires célèbres comme Paolo Rossi et Frances Yates, elles ont inspiré à des ingénieurs spécialisés dans le domaine des interactions être humain-machine des modèles plus intuitifs pour gouverner les communications numériques.
Sous quelles formes ont été pensées les actualisations de ces procédures ? Quelle signification culturelle plus large impliquent-elles pour les arts, les humanités et le domaine de l’intelligence artificielle ? La remobilisation des arts de la mémoire dans les pratiques artistiques technologiques a favorisé l’émergence de productions plastiques installatives, facilitant la mise en récit du propos des artistes, à la manière d’unGesamstkunstwerk. Donatien Aubert appliquera cette grille d’analyse pour présenter son propre travail.
Biographie
Donatien Aubert est artiste, chercheur et auteur. Diplômé avec les félicitations du jury de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy, il a ensuite effectué des recherches en post-master au sein du Laboratoire de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (EnsadLab). Il a fait partie du programme Spatial Media, spécialisé dans la création d’expériences en réalité virtuelle et d’environnements 3D partagés. Il est également titulaire d’un diplôme de doctorat en littérature comparée de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université. Sa thèse, écrite au sein du Labex OBVIL, traite de la réactualisation des arts de la mémoire (des techniques de spatialisation des connaissances dont les origines remontent à l’Antiquité) dans le domaine des interactions être humain-machine.
Donatien Aubert réalise des œuvres hybrides : vidéos, installations interactives, expériences de réalité virtuelle, sculptures créées par conception et fabrication assistées par ordinateur. Elles équilibrent au service d’une mise en perspective épistémologique et historique des formes qui doivent autant à la culture classique de la curiosité (scientifique et lettrée) qu’à celle des technosciences contemporaines.
Les technologies numériques ont transformé la production, l’accès et la mise en circulation des connaissances, des opinions et des expériences esthétiques : Donatien Aubert analyse depuis plusieurs années cette transition épistémologique, politique et sensible. Il s’est plus particulièrement intéressé au rôle qu’a joué la cybernétique dans le développement des cultures numériques. Il a contextualisé son influence dans la transformation de la résolution des conflits (pendant la guerre froide et à l’époque contemporaine) ; il a interrogé la représentation qu’elle a proposée du genre humain et de sa potentielle obsolescence ; il s’est attaché enfin à montrer son importance dans la refonte de l’écologie scientifique.
Donatien Aubert appuie ses recherches plastiques sur des traitements qu’ont renforcé les technologies numériques (générativité, interactivité, immersion), en mobilisant une grammaire visuelle capable de mettre en tension une esthétique baroque et romantique avec des influences plus minimales et industrielles.
Donatien Aubert a été exposé au sein de plusieurs biennales (Némo, Chroniques, Elektra) et son travail a été présenté à l’international (Kyoto, Esch-Belval, Bâle, Montréal, Goa). Il est lauréat de la commande photographique du CNAP « Image 3.0 » en 2020. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles à la Galerie Odile Ouizeman, à Paris, en 2021, au 3 bis f, à Aix-en-Provence, en 2022 et 2023 et au Hublot à Nice en 2024. Il a participé récemment à la Conciergerie à l’exposition « Machina Sapiens », organisée dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle. Il sera artiste-professeur invité au Fresnoy pour l’année 2025-2026.
Il est publié aux Éditions Hermann (Vers une disparition programmatique d’Homo sapiens ?, 2017) et a participé à des ouvrages scientifiques, notamment L’art de la mémoire et les images mentales (2018), aux Éditions du Collège de France.
Diplômé·e·s / Productions Le Fresnoy
En mai et juin, nos créations poursuivent leur voyage à travers la France et le Canada.
Projet européen Interreg
Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains est engagé dans le projet Creativ’Up qui implique trois régions transfrontalières : les Hauts-de-France, la Wallonie, la Flandre-Occidentale. Il s'agit d'un dispositif d’accompagnement destiné à soutenir les projets d’innovation dans le secteur des Industries Culturelles et Créatives (ICC).
Partenariat
Pour la quatrième édition du programme de résidence sonore du musée du quai Branly – Jacques Chirac, en partenariat avec Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, le jury a retenu le projet de l’artiste Yo-E Ryou.