Julie Vacher

Vendhuile - Film - 19min - 2017

présenté dans le cadre de l'exposition panorama 19

Film


Dans le nord de la France, un village isolé par la neige appréhende l'arrivée d'un homme qui braconne. Corps étranger, ogre ou loup, une rumeur sourde circule de bouche à oreille à son propos. Elle se propage comme une onde à travers les intertitres de texte et laisse le paysage inondé de silences. Engourdies par la méfiance et le froid, les figures des villageois, immobiles et frontales, peuplent les plans tableaux tandis que l'homme est traqué.
Cependant, la neige fond progressivement. Les territoires deviennent poreux entre le jour et la nuit. Le mouvement s'installe dans le cadre et le regard glisse : du mythe à l'empathie, de la crainte et du fantasme au désir de découverte de l'autre.
Le film joue le jeu d'une satire douce, à travers une approche teintée d'ethnographie et de western. Tandis que les villageois incarnent la sédentarité, une forme d'austérité et potentiellement un rapport archaïque à la terre et aux éléments, le braconnier se révèle comme arpenteur de paysage, connaisseur de la matière et passeur d'expériences.

Biographie de mon imaginaire
En 2011, je vois The Great Ecstasy of the Woodcarver Steiner (1974) et Grizzly Man (2005) de Werner Herzog, Still Life (2006) de Jia Zhang Ke, Les Maîtres fous (1955) de Jean Rouch et L'Ordre (1973) de Jean-Daniel Pollet.
En 2013, je découvre le concept de tiers-paysage créé par Gilles Clément et le travail d'installation d’Omer Fast. En 2015, j'écoute les pièces sonores de la série Presque rien (1970) de Luc Ferrari et Questionnaire pour Lesconil (1980) de Yann Paranthöen. En 2017, je relis Des souris et des hommes (1937) de John Steinbeck.

Citation
« Étrange course-poursuite entre le visible et le caché où l'homme suit une bête (le chien) qui en suit une autre (le lièvre) mais au bout de laquelle le paysage entier (et pas seulement le territoire) se révèle. » Jean-Christophe Bailly, Le Parti pris des animaux, 2013

Julie Vacher


Diplômée des Beaux-Arts de Lyon en 2013, Julie Vacher mène une analyse des rapports d’interprétation et de transformation entretenus par les hommes avec leurs environnements. Ancrées dans le réel, ses recherches plastiques hybrident le documentaire et la fiction expérimentale, le naturalisme et l’artificiel, le faux-semblant et les néologismes et se déploient à travers la vidéo, le son monté et spatialisé, et des formes installatives qui intègrent la photographie ou le texte. Le champ de ses expérimentations s’étend de l’écologie et de l'imaginaire que véhicule cette notion aujourd'hui à la question du langage, dont elle relève la poétique et les mécanismes de construction.
Actuellement, elle vit et travaille à Paris.

Remerciements


Bruno Nuytten, François Bonenfant, Yannick Haenel, Annabelle Amoros, Chiara Caterina, Clara Chapus, Riccardo Giacconi, Laura Haby, Antoine Mouton, Jacques Perconte, Assia Piqueras, Théophile Robinne, Francisco Rodriguez Teare, Justine Santal, Ludivine Sibelle, Adrien Dénouette, Damien la Droitte, toute l'équipe du film et le personnel du Fresnoy.

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing — La Laverie