Véronique Béland

La circonférence du cercle vicieux - Installation - 2011

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 13

Installation


Je me suis demandé si le silence de la solitude était le même pour chacun : s’il y en avait plusieurs types, et s’il y avait un moyen de comparer tout cela. Qu’est-ce qu’on dit quand on ne dit rien ? Quel est mon silence ? Et celui de l’autre ? Pour que le silence existe, il doit forcément être constitué de quelque chose – mais quoi ? Je me suis d’abord prise comme interface. J’ai renversé l’écoute vers l’intérieur, pour finalement réaliser que toutes les fois où j’essaie de réduire ma pensée à sa plus simple expression, je me bute inévitablement aux chiffres.

Je compte.
N’importe quoi.
En permanence.
En trame de fond.

Je compte, sans doute pour éviter de ne penser à rien; sans doute par peur de connaître ce qui se trouve de l’autre côté du silence. À moins que ce rien, que ce vide vers lequel on tend ne se définisse justement que par une sorte d’algèbre floue, de géométrie précaire ?
J’ai alors émis une hypothèse : le silence n’est peut-être, au final, qu’une grille mathématique. Et si la pensée de chacun flirtait avec les chiffres ?
Si, ensemble, nous accordions inconsciemment nos voix intérieures pour calculer, en contre-champ de la pensée, la distance qui nous sépare les uns des autres ? Et qu’en est-il de la distance qui nous sépare de nous-mêmes ?
Peut-être mesurons-nous simplement, en sourdine, la circonférence de ce cercle vicieux ?
[C = 2 ? r = ? d]

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai toujours eu extrêmement peur de l’infini du nombre ?. Parce que si une quantité incalculable de décimales fractionne l’espace compris entre le 3 et le 4, imaginez alors tout ce qui peut exister entre vous et moi, entre moi et vous; la multitude de choix, le nombre de possibles... Ça fait de quoi remplir plusieurs vies – on pourrait presque y perdre son âme.

Véronique Béland


Née en 1981 à Québec (Canada). Vit et travaille à Lille.

Cursus Titulaire d’un master 2 en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (Canada).

Expositions récentes :

2012, Hexagram & ARC_PHONO : Archives sonores et voix radio, Écrire la parole tue, Montréal (Canada)

2012, Maison Folie Hospice d’Havré et Jardin Botanique, This is Major Tom to Ground Control, Tourcoing (France)

2011, Brooklyn Art Library, Faire bon usage du vide (A Purpose for Emptiness), Brooklyn (NY, États-Unis)

2010, Galerie les Territoires, Comme une chorale de voix dans la tête (ou quelque chose comme ça), Montréal (Canada)

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing