Patrick Bailly-Maître-Grand

Les Miroirs d'antan - Installation - 2015

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 17

Installation


Vers 1830, à l'apparition des premières images photographiques nommées pompeusement Daguerréotypes, le grand public fut si intrigué par l'aspect métallique et brillant du support de l'image que certains les appelèrent avec élégance :" Les Miroirs qui se souviennent".

A celui d'aujourd'hui qui n'a jamais vu un daguerréotype, sait-il que l'on perçoit alors une image comme constituée d'une délicate buée posée sur une plaque d'argent polie à l'extrême et dessinant fidèlement un portrait ou un paysage? Sait-il la très grande complexité de sa mise en œuvre pour une performance de sensibilité photographique ridicule? Sait-il que sa matière est vénéneuse parce qu'elle contient du mercure et précieuse avec ses sels d'or en amalgame ? Sait-il la nécessité de protéger cette image fragile sous un écran de verre? Sait-il l'impossibilité de la visualiser correctement en plein jour ? Sûrement non, mais lui promettre son étonnement devant sa découverte d'un médium aussi beau, assurément oui.

Mes Miroirs d'antan sont donc l'utilisation de ce riche médium photographique au service de "sujets" tout autant exceptionnels que sont ces reliques d'anciens crânes humains de différentes ethnies et civilisations, tous modelés, ornés, sublimés pour traverser la mort et vaincre la poussière du temps. Un très grand merci à mon ami, discret collectionneur de curiosités extrêmes, qui m'a autorisé à découvrir ses précieux trésors puis m'a accordé la faveur de pouvoir déposer sur mes plaques d'argent et d'or, l'image de 11 de ces trophées. A ce travail quasi sacré, j'ai imaginé, avec Les Guenilles et Les Véroniques, y associer des sortes d'ex-voto photographiques, chargés de l'étrangeté de 6 vieilles chemises déchirées et numérotées ou du mystère de 6 visages en dissolution.

Patrick Bailly-Maître-Grand


Après des études scientifiques (diplômé Maître es Sciences Physiques en 1969) et dix années consacrées à la peinture, Patrick Bailly-Maître-Grand travaille avec les outils photographiques depuis 1980. Ses œuvres, strictement analogiques, argentiques noir & blanc, se caractérisent par un imaginaire ludique, associé à un goût pour les technologies complexes telles que le Daguerréotype, la périphotographie, la strobophotographie, les virages chimiques, les monotypes directs, les rayogrammes et d'autres inventions de son cru.

Fuyant la notion de la perspective, ses images, bien que très sophistiquées pour leur élaboration, ont la simplification de proverbes visuels, épurés comme des haïkus.

Patrick Bailly-Maître-Grand a exposé dans le monde entier et ses œuvres sont dans les collections de musées prestigieux tels que le MoMa de New York (USA), le centre Pompidou de Paris, le Fonds national d'art contemporain, le Victoria Museum de Melbourne (Australie), le Sainsbury Center de Norwich (GB), le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, le Museet for Fotokunst d'Odense (Danemark), etc…