Amélie Agbo

Bénincity : épisode 4 - Film - 08min - 2020

présenté dans le cadre de l'exposition Panorama 22

Film


Une femme noire est enfermée dans une vitrine. Objet à la fois de désir et d’envie, elle est quotidiennement observée par des jeunes femmes qui veulent imiter son apparence. Mais une nuit, la vitrine se brise expulsant la femme noire à l’extérieur. Pour la première fois, elle se retrouve en danger.

Je me suis inspirée du phénomène du niggerfishing sur Instagram et les réseaux sociaux, où des femmes blanches se font passer ou cherchent à ressembler à des femmes noires. Elles suivent des codes de beauté associés dans l’imaginaire collectif aux femmes noires ou métisses : une chevelure noire ou décolorée, des coiffures bouclées, lissées ou bien tressées, des lèvres pulpeuses, des sourcils maquillés, un teint foncé, une taille ultrafine et des hanches larges. Cette polémique a déclenché un vif débat sur l’appropriation culturelle.

Les motivations de ces femmes sont nébuleuses. Cherchent-elles à s’approprier des codes de la culture noire par admiration ou pour le profit ? Cherchent-elles à imiter la femme noire en général ou un modèle stéréotypé de la femme noire ?

Mon problème est que ces jeunes femmes mettent également en scène une représentation limitée d’une beauté noire, parce qu’elles s’inspirent généralement des stars afro-américaines (Beyoncé, Rihanna). Certaines jeunes femmes noires, par exemple en France, prennent ces stars pour modèles. Or ces idoles ne sont pas représentatives de toutes les femmes africaines et de la diaspora, et des problèmes qu’elles subissent au quotidien (misogynie, racisme, déni de classe).

Amélie Agbo


Ma pratique mêle l’animation et le jeu vidéo, où je me réapproprie les images stéréotypées des noirs dans la société française. En 2010, j’obtiens un baccalauréat professionnel, option artisanat et métiers d’art. Je fais un voyage d’études de six mois à Ogaki Women's College dans la région de Gifu, au Japon. De retour en France, je décide de me préparer, pendant une année, pour les concours d’entrée dans les écoles d’art. Je suis reçue en 2014 à l’École européenne supérieure de l’image de Poitiers. Après l’obtention de mon DNAP en 2017, je pars 4 mois à la Beijing Film Academy, à Pékin, dans la section « art animation ». En 2018, j’écris C., mon mémoire de fin d’études où j’aborde la dévalorisation corporelle de la femme noire dans la société. En 2019, j’intègre Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains, où je réalise le court-métrage d’animation BéninCity : Épisode 4.

Remerciements


Madeleine Van Doren, Daniel Dobbels

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing