Alexandre Guerre

La timidité des arbres - Installation - 2017

présentée dans le cadre de l'exposition panorama 19

Installation


Allongez-vous et laissez-vous bercer par cette jungle. En l'écoutant, vous vous questionnerez peut-être sur les formes étranges qui dansent au-dessus de vous. Il s’agit d’un phénomène botanique rare appelé « timidité des arbres » ici rapporté d’une jungle de Malaisie. Cette installation a débuté avec l’intention de partager une prise de conscience. Les végétaux font partie de la catégorie des êtres vivants, nous ne le considérons que trop peu.

La timidité des arbres est un phénomène encore à l’étude et mal compris par les botanistes. Ce terme anthropomorphique nous renvoie à notre comportement humain et social, ce besoin d’espace vital, ce rapport proxémique relatif à chacun. Pourquoi et comment s’instaurent les distances physiques avec un inconnu ou un proche ? Des distances physiques qui traduisent bien souvent des distances psychologiques. Si les arbres ont un comportement social, cela induit une conscience de leur environnement et d’eux-mêmes. La communication est-elle réservée uniquement aux animaux ? Face à un phénomène comme celui-ci, nous pouvons en douter.

Certaines tribus qui peuplent encore cette jungle ont des croyances animistes ; pour elles les esprits n’animent pas seulement des êtres vivants mais peuvent aussi se retrouver en toute chose. Les arbres seraient alors des entités, comme vous et moi, qui s’expriment à chaque instant, il suffit de savoir les écouter.

Biographie de l’imaginaire
Je suis un scientifique dans l’âme et la science est bien souvent un point d’ancrage dans mon travail artistique. Jules Verne ayant bercé mon enfance comme bien d’autres, la science-fiction a accompagné mes passions jusqu'à présent. Les romans d’anticipation de Ray Bradbury, George Orwell, Aldous Huxley, René Barjavel ou Arthur C. Clarke ont nourri mon imaginaire et une vision critique de notre société. Je continue à aiguiser cette vision par des lectures de Pierre Rabhi, Jiddu Krishnamurti ou Carl Gustav Jung. Passionné par l’ésotérisme, je m’intéresse aux mythes et légendes sous leurs formes les plus diverses, de l’ufologie à la crypto zoologie. Des figures comme Nikola Tesla ou Stephen Hawking sont pour moi les proues de notre société. Du coté cinématographique même si je reste marqué par l’esthétique des films de science-fiction des années 1980 comme ceux de Ridley Scott, Stanley Kubrick ou même Andreï Tarkovski, les références restent pour moi Michelangelo Antonioni, Orson Welles ou Jean-Luc Godard. En 2011 j’ai découvert le travail de Francis Hallé, à travers ses livres et son film, Il était une forêt (2012) ce botaniste français de 79 ans nous transmet sa passion vertigineuse pour la nature et les plantes qui nous emportent dans un univers sans pareil.  

Alexandre Guerre


Vit et travaille à Lille.

La pratique d’Alexandre Guerre s’exprime à travers l’installation, la vidéo, la sculpture, la photographie, et le son. Son travail se traduit par les supports utilisés, par leurs expérimentations, leurs limites, les possibilités qu’offrent leurs détournements. Le thème art et science est le fil rouge de son travail. A travers ses différentes productions, il a abordé la botanique, l’éthologie, l’alchimie mais aussi la science-fiction. Légendes et ésotérisme habitent le cœur de ses productions, lui inspirant souvent un point de départ et de réflexion. Pour lui, l’art questionne bien au-delà des limites de la science.

Remerciements


Marie Cappuccia, Antoine Barlet, Francis Hallé, Isabelle Capitant de Villebonne, Christophe Boulanger, Jean de Loisy. Aux regards bienveillants et aux écoutes attentives du Fresnoy : Pascal Convert , Guylaine Huet, Éric Prigent, François Bonenfant, Daniel Dobbels, Madeleine Van Doren, Cyprien Quairiat, Sébastien Cabour, Christophe Gregório, François Bedhomme, Julien Guillery, Aurélie Brouet, Olivier Anselot, Blandine Tourneux, Maxence Ciekawy, Pierre George, Pascale Pronnier, Jacky Lautem, et Valérie Delhaye pour leur professionnalisme, leur douceur et leur patience.

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing — Forest Research Institute Malaysia