Arthur Zerktouni

Danaé - Installation - 2011

présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 13

Installation


"Le spectateur entre dans une salle quasiment obscure éclairée par une lumière bleutée très légère. Il perçoit une trame sonore de fréquences basses ponctuée par le son d'une goutte d'eau tombant dans un récipient. Isolée au centre de la salle est placée une sculpture en verre et métal sur un socle fait des mêmes matériaux, le tout mesure 1m60 de haut pour une longueur de 60cm et une largeur de 30cm. Le socle contient de l'eau, la sculpture qui le surmonte consiste en un tube en verre, traversé par une tige en métal horizontale posée sur deux pieds triangulaires. Dans le tube est placé un microphone subaquatique. Quasiment continuellement, des gouttes d'eau chutent du plafond et remplissent la partie supérieure du tube, émettant un son qui remplit la salle.

Le spectateur comprend que le microphone diffuse en temps réel, aux quatre coins de l'espace, le son qu'il enregistre, mais aussi à l'intérieur du socle : une enceinte subaquatique, au fond du socle, émet un son à chaque fois qu'une goutte d'eau tombe, créant ainsi des ondulations à la surface de l'eau. Toutes les minutes, le tube est rempli et bascule alors en direction du socle, déversant son contenu. Ce moment est très bref et le tube reprend sa place initiale en attendant d'être rempli à nouveau."

"J'ai toujours imaginé une séparation entre la thématique et la problématique de l'objet. Considérant que l'artiste peut aborder une infinité de thèmes, je me suis dirigé vers une minimalisation de la forme se concentrant sur la problématique artistique. Cette démarche m'a poussé à envisager une certaine idée de l'autonomie de l'objet d'art où la thématique ne serait pas inhérente à la création mais prendrait place dans un second temps, lors de la mise en scène et de la confrontation avec le spectateur.

Je définis le processus créatif autour d'une pensée fonctionnaliste en équilibre instable, où la moindre variation entraîne une redéfinition de l'ensemble du travail. Chaque élément ne doit exister que par sa fonction et le dialogue qu'il entretient avec l'ensemble du système. Ainsi, loin d'un développement linéaire, je m'inscris dans un déplacement circulaire, tâchant d'être toujours à équidistance de mon objectif. Mon travail de conception est dès lors à imaginer sous la forme d'un disque en équilibre sur une aiguille et tournant sur son axe.

Je conçois mon projet "Danaé" comme une pièce n'engageant pas un dialogue direct avec le spectateur. Elle se présente tout d'abord comme une machine cyclique autonome, ne questionnant que son propre principe, à l'intérieur de son propre temps. Ainsi, dans mon optique, ce n'est pas l'échange entre l'observé et l'observateur, mais la rupture les séparant, qui fait sens.

J'entrevois cette rupture comme un espace propice à la création d'une inquiétante étrangeté et d'une mythologie tragique moderne, un face-à-face avec une divinité qui se moquerait de nous, de notre histoire et de nos peurs primitives. Se reproduisant par elle-même, elle réfléchirait de manière ironique nos amours et notre sexualité. Sans cesse en tension dans un temps qui ne fait que se répéter, le spectateur, en équilibre instable, ne saurait pas si cette machine célibataire célèbre la vie ou son anéantissement."

Arthur Zerktouni


Né en 1983 à Casablanca.

Cursus Formation avant le Fresnoy : ENSA Bourges

Son travail

2011 : Octroi de Tours. Thésée et Ariane (résidence et production : Mode d'Emploi). Tours.

2011 : Panorama 13 - Le Fresnoy. Danaé. Tourcoing.

2010 : City-Sonics. 7etc (collaboration avec Nikolas Chasser-Skilbeck). Mons - (Belgique)

2008 : Kuandu Museum of Fine Art. 04/11/08 (collectif META). Taipei - (Taiwan)

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing