Dania Reymond

Jeanne - Film - 2012

présenté dans le cadre de l'exposition Panorama 14

Film


Fiction, durée : 17' avec : Sigrid Bouaziz, Benoît Jacquot, Mary Dellachérie, Lucy Bodel Directeur de la photographie : Julien Guillery Ingénieur du son : Amandine Goetz Montage image : Johanne Schatz Montage son : Geoffrey Durcak

Jeanne est internée dans un hôpital psychiatrique, elle prétend être Jeanne d'Arc.

Se servant pour son histoire d'un stratagème proche de ceux employés par Bertolt Brecht, Dania Reymond permet à sa caméra de se concentrer sur l'évolution de l'image même. Plusieurs occurrences de l'histoire de Jeanne d'Arc parsèment l'histoire du cinéma et ce récit semble faire désormais partie de notre mythologie. Jean Renoir incitait les réalisateurs au « plagiat » pour qu'ils manifestent leurs choix face à des thèmes communs. Semblant aller plus loin en utilisant les minutes du procès comme texte, ce film rejoint dans ce choix celui de Robert Bresson. Il apparaît qu'au rythme vif du montage employé par Bresson s'oppose une recherche plus plastique dans l'image de Dania Reymond. C'est par cette manière que l'accent est mis sur la lente glissade du personnage de Jeanne dont le traitement par la caméra nous donne un accès presque plus immédiat que celui offert par les dialogues issus des minutes du procès. Les plans successifs montrent Jeanne glissant dans son propre cadre qui est celui de l'image, de la toile vierge. Du gros plan sur le visage au plan où elle semble enfermée dans son drap à l'image des malades dans leurs camisoles, la caméra met à jour la force de la tentative d'assimilation du lieu. Le questionnement de l'espace entre la forme et le fond forme le nœud et la force du film. Quand Jeanne demande à l'infirmière si elle croit que le médicament qu'elle tient en main est le Corps du Christ, cela équivaut à demander si elle croit qu'elle est réellement Jeanne d'Arc. C'est que, dépeignant l'histoire de Jeanne sans s'enfermer dans une représentation des mythes et des poncifs, elle lui redonne une couleur qui s'impose à nous. C'est le personnage et non ce que nous pensons généralement savoir d'elle qui cherche à retrouver une place dans cet univers blanc et froid. Univers qui pointe l'effet de projection, lui-même réinterrogé par la dichotomie entre l'acteur et son rôle, cette dernière offrant à Jeanne l'épaisseur qui n'existe plus dans les mythes. Quentin Conrate

Dania Reymond


Née en 1982 à Alger.Vit à Paris.

Cursus École supérieure des beaux-arts de Marseille Post-diplôme de l’Ensba Lyon en 2010 2012 : Perspectives, exposition de groupe, Galerie Artaé, commissaire Marlène Girardin, Lyon 2011 : To Hug a snake, coordination Emilie Renard, Les subsistances en résonance avec la Biennale de Lyon Salon Jeune création, programmation vidéo, Espace le 104, Paris Festival les écrans documentaires, compétition court-métrage, Arcueil 22e FID Marseille, Ecran Conversations secrètes, programmation Gilles Grand, Jean-Pierre Rehm Bourse du Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques

Crédits


Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Tourcoing