Ethann Néon
Le Stréphochronoscope - Installation - 2024
présentée dans le cadre de l'exposition Panorama 26
Lorsqu’un·e individu·e se regarde dans un miroir, iel s’observe deux nanosecondes plus jeune, soit le temps que prend la lumière parcourir la distance entre le miroir et l’œil. Mais que se passerait-il si la vitesse de la lumière diminuait ? Le stréphochronoscope1 , appareil optique interactif d’un nouveau genre, joue avec les propriétés du miroir. Soulevant la question de la perception du temps, l’installation invite à se placer face à une glace « cristal »2 sur laquelle les ondes stroboscopiques font ressurgir les reflets virtuels du passé. Il suffit que les spectateur·ices actionnent le phénakistiscope – jouet optique placé sur un axe rotatif – pour animer le miroir. Au fil du temps, les fantômes des participant·es précédent·es s’impriment sur la surface miroitante.
Cette installation rend hommage au pré-cinéma à deux égards. D’une part, elle convoque un instrument optique, le phénakistiscope inventé par Joseph Plateau en 1832. Devenu une attraction foraine, le phénakistiscope déploie une animation cyclique dans l’instant comme une irruption soudaine du mouvement qui est propre au temps présent, actuel. D’autre part, un effet chronophotographique rappelle les travaux scientifiques d’Étienne-Jules Marey sur la décomposition du mouvement. Cette technique révèle des images spectrales d’un passé à peine passé et encore contemporain du présent de l’action.
Ainsi, Le Stréphochronoscope conjugue l’aspect ludique des attractions foraines avec une réflexion plus philosophique sur le temps par la perception que peuvent notamment procurer les outils scientifiques.
1Néologisme formé du grec stréphô – « tourner » –, chronos – « temps » – et skopein – « examiner ».
2 Le terme fait ici référence au concept d’image-cristal inventé par Gilles Deleuze dans son second ouvrage sur le cinéma.
Ethann Néon
Ethann Néon vit et travaille à Bruxelles. Il y a étudié le cinéma d'animation. Il réalise des œuvres expérimentales autour de la représentation du temps à l’image sous une forme cinématographique, photographique et installée. Sa pratique actuelle se concentre sur les processus de reconstruction de la mémoire et de concaténation visuelle du temps, mais aussi autour de la perte visuelle.
Production
Partenaire
Crédits
Engin Daglik : création musicale - Ircam Centre Pompidou
› Programmation : David Lemaréchal
› Pôle installation : Cyprien Quairiat, Claire Pollet, Benjamin Menery, Sébastien Cabour, François Bedhomme, JULIE MACHIN, Hadrien Téqui
› Pôle prise de vue : Solène Secq, Aurélie Brouet, Théo Coeugniet
› Pôle son : Blandine Tourneux, Antoine Sugita
› Pôle post-production : Alexandre Peschmann, Thibaut William
› Chargée de production : Barbara Merlier
› Accompagnement artistique : Roque Rivas
Remerciements
Éric Prigent, Murielle Ducas, Roland Lehoucq, Catherine, Lou, Mathilde, Robin, Jésus, Ania, Hugo, Victor, Amir, Gonçalo, Émilien, Chayarat, Rachel, Nicolas, Lucas, Coraline et l’ensemble des promotions Claude Lévi-Strauss et Vera Molnár ainsi que toutes les équipes pédagogiques, administratives et techniques du Fresnoy.