Artiste-professeur invité

2007 - 2008

Andrea Molino

Né en 1964 à Turin (Italie)

Andrea Molino est un compositeur et chef d'orchestre. Il a fait ses études à Turin, Milan, Venise, Paris et Friburg. Il vit actuellement à Zurich.

*The Smiling Carcass *(1999), une critique à la communication publicitaire, et *Those Who Speak in A Faint Voice *(2001), sur le thème de la peine de mort (les deux pièces ont été réalisées en collaboration avec Oliviero Toscani et produites par Pocket Opera Company de Nuremberg), sont les premiers exemples de l'attention que Molino a porté vers un théâtre musical innovateur et multimédia.

Dans son rôle de directeur artistique de Fabrica Musica il a réalisé un ensemble de projets ambitieux interdisciplinaires et multimédia. CREDO, sur le thème des conflits ethniques et religieux, a démarré en avril 2004 au Staatstheater Karlsruhe et il a ensuite été présenté à Rome à l'occasion du Sommet Mondial des Prix Nobel pour la Paix et lors du Queensland Music Festival. Le récent WINNERS, sur le thème "des vainqueurs et des vaincus", a démarré en juillet 2006 au Brisbane Festival, en Australie, et a été présenté comme première européenne à Paris dans la Grande Salle du Centre Pompidou.

En qualité de chef d'orchestre, après des débuts à l'Edinburgh International Festival et à la Wiener Konzerthaus, Molino a ouvert la Biennale Musica de Venise au Teatro La Fenice avec Surrogate Cities de Heiner Goebbels. Par ailleurs, il a dirigé l'Orchestra del Maggio Musicale Fiorentino, l'Orchestra del Teatro La Fenice, le Klangforum Wien, la Badische Staatskapelle Karlsruhe, les Bochumer Symphoniker, les Dresdner Sinfoniker, The Queensland Orchestra, la BBC Scottish Symphony Orchestra, l'Orchestre du Staatstheater Darmstadt, la Norddeutsche Philharmonie et l'Orchestra della Svizzera Italiana.

Il a réalisé des CD et des DVD avec Stradivarius de Milan et Naive de Paris. Ses concerts et ses enregistrements ont été diffusés par les principales radios internationales.

« Depuis longtemps au sein de mon activité de compositeur et chef d'orchestre est née une tendance de plus en plus forte qui m'a poussé vers des formes innovatrices et non conventionnelles de théâtre musical. Le terme "théâtre" pour moi n'indique pas un lieu, ni un bâtiment et non plus une certaine façon de faire du spectacle mais plutôt une attitude : comme la racine du mot l'indique, il s'agit de "regarder avec attention", de "comprendre en observant ".

Dans ce contexte, quelques éléments ont pour moi une importance capitale :

  • La nécessité de repenser à la base le concept de représentation (Anton Webern : "Je ne veux pas des symboles, je veux les choses elles-mêmes"). Par exemple, traiter de façon -- justement -- non représentative des sujets et des thèmes à caractère social, c'est-à-dire qui sont "importants pour la vie de la communauté dans laquelle j'évolue" (ici le concept de communauté est bien évidemment en constante et enthousiasmante reformulation). Je suis convaincu que les artistes ont le droit et le devoir de "mettre la main à la pâte", de descendre de leur tour d'ivoire de plus en plus abîmée et de moins en moins accueillante et d'avoir le courage de s'aventurer dans des domaines de plus en plus périlleux, mais plus nécessaires.

  • L'utilisation intense et de plus en plus intégrée des technologies de la communication dans le spectacle en direct. Un point crucial est l'organicité du langage : les éléments qui sont normalement considérés comme appartenant à des disciplines différentes (sons, images, gestes théâtraux, textes, etc.) fondent jusqu'à devenir totalement interdépendants et jusqu'à ne pouvoir plus être conçus comme séparés. Par exemple, il doit être possible de phraser, voir même improviser en utilisant le matériel audiovisuel avec la même flexibilité propre au musicien qui joue son instrument. En effet, c'est la gestualité liée à l'action musicale qui interagit de plusieurs façons avec les éléments multimédia.

  • L'attention grandissante pour les lieux (Wim Wenders : "The sense of the place") et à leur potentiel expressif. D'ailleurs des expériences telles que CREDO, où quatre groupes de musiciens jouaient ensemble en direct par satellite depuis quatre villes différentes, m'ont amené à travailler sur les idées de simultanéité et de distance dans le sens littéral et aussi métaphorique. C'est justement l'usage approfondi des nouvelles technologies qui permet de reconsidérer profondément ces domaines et d'ouvrir des nouvelles et enthousiasmantes possibilités d'expression.

Mon projet pour Le Fresnoy sera une performance musicale multimédia dans laquelle j'approfondirai surtout ces deux derniers aspects, notamment à travers l'usage et l'élaboration en temps réel, selon une approche musicalement instrumentale, de sources audiovisuelles de genres différents, comme par exemple des caméras live et des webcams. Les musiciens qui joueront contrôleront, à travers leurs gestes musicaux et instrumentaux, l'élaboration digitale du matériel audiovisuel et en dirigeront directement la dramaturgie. »

A.M (15.07.2006)


ŒUVRES PRODUITES AU FRESNOY