À la mémoire d’un ami

Avec le décès de Richard Campagne, Le Fresnoy-Studio national perd un compagnon de route de la première heure, qui restera à jamais lié aux belles années de nos débuts.

À son poste de chef d’atelier, il contribua de façon décisive à l’accomplissement de ce "passage à l’acte" propre à notre projet pédagogique, au moment où les œuvres se finalisent et se concrétisent, en vue de leur présentation au public. La compétence, l’intelligence, la sensibilité artistique de Richard furent appréciées par tous les artistes, débutants ou célèbres (ou entre les deux, comme moi), qui bénéficièrent de sa précieuse collaboration.

Mes relations personnelles avec Richard dépassaient largement les sujets strictement liés au Fresnoy. Nous échangions régulièrement sur toutes les questions, littéraires, philosophiques, artistiques, politiques, dont il était curieux. Combien de livres dont il me recommanda la lecture et au sujet desquels nous discutâmes longuement ! En vérité, Richard Campagne était lui-même un artiste par sa sensibilité, son savoir-faire, ses goûts. C’est à travers sa modestie que tous ces aspects de sa personnalité prenaient leur relief. Après son départ du Fresnoy, j’aimais le voir revenir à chaque exposition, toujours intéressé par ce qui se créait, comme s’il ne devait jamais nous quitter.

D’ailleurs Richard Campagne ne nous quitte pas, il reste dans notre histoire un de nos collaborateurs les plus importants, les plus attachants. Quant à moi, je perds tout simplement un ami auquel je suis toujours resté lié par l’estime et l’affection.

Alain Fleischer, directeur
Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains