Penser la Shoah comme irreprésentable ?

Samedi 12 novembre 2016


Dans le cadre de Citéphilo – Semaines Européennes de la Philosophie


11h00 au MUba : Penser la Shoah comme irreprésentable ?


en présence de Georges Didi-Huberman, philosophe, auteur notamment de Sortir du noir (Minuit, 2015) et Images malgré tout (Minuit, 2003) et d'Alain Fleischer, fondateur et directeur du Fresnoy - Studio national, cinéaste, photographe, plasticien, écrivain, auteur notamment de Retour au noir - Le cinéma et la Shoah: quand ça tourne autour (Léo Scheer, 2016) et Effondrement (Cherche-midi, 2015)


Modération : Florence Gravas, professeure agrégée de philosophie, docteure en philosophie, a publié La part du spectateur, essai de philosophie à propos du cinéma, PUS, 2016.



La représentation, par le cinéma ou la photographie, de la Shoah a produit une polémique très intense, dans laquelle Georges Didi-Huberman fut impliqué à l’occasion de l’exposition qu’il organisa autour de photographies prises à Auschwitz : « Mémoire des camps, photographies des camps de concentration ». La photographie et le cinéma étant, du fait de l’opération d’enregistrement, des arts « indiciaires » autant qu’iconiques, ils produisent des images pour lesquelles on est en droit de s’interroger sur la réception qui en est faite comme de l’éthique qui les met en œuvre. Deux problèmes peuvent en effet être distingués : d’une part une image « issue » des camps témoigne-t-elle de quelque chose ? Que transmet-elle ? Tel fut le cœur de la polémique intense qui opposèrent Gérard Wajcman et Elisabeth Pagnoux à Georges Didi-Huberman. Mais on peut également s’interroger sur l’éthique du cinéma de fiction lorsqu’il prend pour cadre les camps : Jacques Rivette, à propos de Kapo, condamnait une esthétique de l’abjection, Claude Lanzmann critiqua violemment le cinéma qui met en image l’expérience des camps d’extermination, allant jusqu’à affirmer un « interdit de toute représentation ». Aujourd’hui, avec le film de Laszlo Nemes, Le fils de Saül, la polémique renaît sur d’autres bases, le réalisateur choisissant une approche originale qui consiste à traiter l’expérience concentrationnaire par le hors-champ. Est-il pour autant possible de représenter de manière fictionnelle les camps d’extermination ? C’est cette question tant éthique qu’esthétique qui sera interrogée à l’occasion d’un débat entre Alain Fleischer et Georges Didi-Huberman.



14h30 au Fresnoy - Projection du film Écorces de Mario Côté


En présence de Georges Didi-Huberman, philosophe, auteur notamment de Sortir du noir (Minuit, 2015), Ecorces (Minuit, 2011) et Images malgré tout (2003), de Mario Côté, plasticien, vidéaste, réalisateur de Black and Tan Fantasy/Répétitions (2015), de Jeanne Renaud et Rose-Marie Arbour, Le temps qui reste (2015), et de Fernand Leduc, La peinture et les mots (2013).


Modération: Florence Gravas, professeure agrégée de philosophie, docteure en philosophie a publié La part du spectateur, essai de philosophie à propos du cinéma, PUS, 2016.



Le vidéaste et plasticien canadien Mario Côté a demandé à Georges Didi-Huberman de lire Ecorces, texte qui raconte le voyage qu’entreprit Georges Didi-Huberman à Auschwitz II-Birkenau. Méditation qui mêle histoire personnelle et enquête historique à propos de ce qu’il rencontre en ce lieu : des photos, prises par des membres d’un Sonderkommando, des morceaux d’écorces de bouleau, arbre qui se dit Birken en allemand. Que faire alors face à l’impasse de l’imagination à laquelle nous sommes confrontés lorsque nous tentons d’appréhender l’organisation méthodique et industrielle du meurtre de masse ? Quels objets peuvent nous aider à tenter de sortir de cette impasse ? Texte intimiste, Ecorces est lu par son auteur dans un dispositif filmique qui restitue toute sa fragilité à la tentative de penser ces questions.



Entrée gratuite


Réservation conseillée : reservation-muba@ville-tourcoing.fr ou 03 20 28 91 60